Tuesday 4 February 2014

Petit lapin fou

Petit lapin fou cherche l'amour est un projet de livre pour enfant qui a vu le jour en janvier 2014 et qui commence a voir le jour. Affaire à suivre.









Pour sortir de la crise

Une série d’idées de remèdes à la crise, écrits et dessinés depuis janvier 2014. En plein chantier. Où sont les textes? A venir évidemment.



Tuesday 28 January 2014

Biographie

Je suis né en 70 à Paris en France. J'ai été aux Beaux-Arts de Paris pendant un an et suis resté 4 ans à la Villa Arson à Nice, une école d'art également. Pendant ces 5 années, j'ai fait de la sculpture, de la vidéo mais surtout du dessin et de la peinture. Ensuite j'ai fait un ou deux kilomètres vers le sud et ai passé 3 ans à l'université de Nice pour étudier la Philosophie avec Clément Rosset, un excellent professeur. Le temps a passé et me voilà en Grande-Bretagne à enseigner le français pour vivre mais également dessiner et écrire pour en vivre.

Roman - Le prof

 C'est l'histoire d'un type qui est prof dans une banlieue britannique, secouée par l'humidité ambiante et les collégiens testostéronés. Une expérience de vie à l’étranger où l'auteur s'amuse à partager des épisodes vécus et d'autres à la sauce polar. Je n'ai pas terminé. Work in progress.

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Le train s‘éloigne de cette petite gare du sud-est de l ‘Angleterre. Il est tôt, trop tôt pour moi, sûrement.  J’ai pas trop d’idées à me mettre sous les dents à part que je sens avec plaisir ce tissu de velours  sous mes doigts, celui de la banquette de ce vieux train qui court dans ce matin plutôt gris, enfin pas si gris que ça. Il y a un peu de soleil près de ce garage avec une vieille Peugeot break métallisée. Quelques chewing-gums par ci par là collés sur les banquettes  et quelques pieds posés sur d’autres  de ce bon vieux class 423. Un sacré train qui a fait son temps, ouverture des portes en ouvrant la vitre, passer la main au dehors et tourner la poignée pour ouvrir. Super pratique, quoi. Il y a ce chauffage tourné à fond et la buée sur les vitres comme dans les films. Il est bien huit heures moins le quart et le train se remplit de collégiens et de lycéens de tous poils même plutôt pubiques. Comme dit Bill il y a de la testostérone en abondance dans ces trains à cette heure ci. Une sacrée giclée  qui s’abat sur des adultes à peine présents et endormis. De la lycéenne alanguie et sensuelle avec son Ipod au petit collégien  avec sa batte de cricket racontant ses exploits au dernier entraînement avec Mlle Mac Kay qui est une fake blonde qui aime montrer ses strings  a toute la staff room. L'atmosphère dans le wagon, une sorte de mélange plutôt gluant, ça sent la thune propre et  bien repassée chez certains de ces collégiens  ou lycéens de ces pseudos grammar schools du coin, une thune un peu nauséabonde qui s’échappe de leurs uniformes un peu ringards et trop petits malgré l’usage certain d’un bon déodorant. Pas encore assez âgés pour avoir le droit de sortir de leur sacré chrysalide entourée de paquets de chips qui s’enfilent méthodiquement. J’ai jamais aimé leur uniforme. Je ne sais pas, ça me rappelle des vielles photos ou documentaires des années cinquante avec ces enfants qui font la tronche avec leur blazer a écusson et cravate sans oublier le bermuda pour les mois été. Oui, peut-être c’est pour ne pas montrer les différences sociales et puis comme disent les règlements des écoles bien pensantes, on apprend mieux quand on est bien habillé. Mon cul, oui. Ils se touchent tous le zboub dans les toilettes. Mon sac à dos était rempli de paperasses et autres conneries biodégradables. Ça fait bien son poids, je vais bien me péter le dos à vouloir tout emmener, toute ma classe sur mon dos, grosse névrose franchouillarde. J’ai déjà senti des douleurs au bas du dos, ça va pas arranger ma scoliose ou hyperlourdose ou les deux, j’attends avec impatience la sciatique, gros maso que je suis. Papiers froissés à l’intérieur, rarement parcouru pendant le trajet, trop naze, trop occupé à rester dans mon coma avec le regard vide sur des paysages verts et humide d’une Normandie anglicisée. Il manque plus que le camembert sur ces tranches de pain, pour former le sandwich que vont s’enfiler ces teachers dans la salle des profs. Bon Dieu, j’e suis encore loin de la gare, cette gare de Hillen. Le contrôleur passait presque à chaque fois. La gruge est presque impossible. On pourrait jouer à cache cache, mais j’en ai pas la force. Plutôt que ça je paye mes 35 livres de tickets par semaines, une arnaque typique du coin. C’est pas une découverte mais bon… le train dans ce pays c’est un mensonge, c’est un truc pas vraiment reliable comme ils disent. Ça marche pas bien, on a droit sur les quais aux  platitudes dégoulinantes excuses pour le retard du dit train  British. On a droit en prime à se battre pour choper le premier une place dans un wagon bondé avec aucun emplacement pour les grosses valises quand on en a une. Le truc est que je n’ai pas mon permis de conduire. Une vieille histoire d’incompréhension entre différentes auto-écoles et moi. Arrivé dans ma  trentaine et demie et ne toujours pas savoir conduire, voila qu’elle ést ma situation. Prisonnier de ces pullmans britanniques comme dans les chansons de Paolo Conte. Comment ai-je atterri ici, en Angleterre? Je n’arrive pas vraiment à comprendre comment. Je crois que je commençais à pourrir en France. Paris me faisait perdre mes dents de derrière et celles de devant pareillement. Et puis cette Anglaise m’avait invité à la suivre sur son île. J’avais dit ‘oui’ et trouvé cette formation de prof de langues dans le secondaire payée, pour faire plaisir, pour rassurer certains sur ma probable existence future. J’ai jamais voulu être prof mais j’ai juste choisi la solution de ‘facilité’. Je voulais pas croupir à l’ANPE comme à Paris ou au Job Centre comme on dit ici, lorsque c’est toi qui a plus envie d’aider le conseiller de l’ANPE  et pas l’inverse, comment ne pas aider ce pauvre type déprimé qui te  propose cette énième séance pour s’exercer à l’entretient d’embauche, bien sur que ça m’intéresse, bien sur que je trouverais du boulot après ça !  Mais il est clair que c’est pas une solution de facilité, au contraire j’en bave des ronds de serviettes en papier. Ma vie sexuelle ressemblait à ces vieux châteaux de sable à marée haute. Je suis un goret et puis voila. Je regarde par la fenêtre près  des rails des canettes, toutes sortes de détritus en anglais que les gens balancent avec la main droite en général. Après le pont, c’était Hillens. Je descends avec mon sac à dos au dos. ‘Touchez ma bosse !’ Je regarde le contrôleur sur le quai qui vérifitles portes, je regarde ses chaussures , elles ne sont pas belles,  et me dirige vers les escaliers avec mon VTT sous le bras. Il est 8 heures dix. J’ai vingt minutes pour montrer ma gueule dans l’établissement connu sous le nom de Rosemounty School, une secondary school de la ville de Portsmouth. Faut d’abord traverser cette putain de National sans se faire buter. Ensuite prendre un raccourci qu’une stagiaire à vélo un peu obèse m’a conseillé récemment. On voit des petits pavillons encerclés par des  petits carrés de gazons soigneusement ultra tondus avec hauteur réglementée par l’armée de sa Majesté. Je marche le pas plutôt rapide sur ces trottoirs de ciment, si exotiques, si différent du  macadam parisien  qui accueille si généreusement de nombreux excréments canins et qui vous invitent  au slalom, a cette détente  passagère qui vous  évite  l’ennuie d’une marche rectiligne, si répétitive. Ici point de traces canines a éviter ou si peu, sur le chemin de ctte secondary school. Ici  en Angleterre on marche la tête droite et non pas penchée, car les semelles ont si peu à craindre. On arbore ici dans ce pays sur le visage une confiance, nombreuses  raisons l’explique, entre autre un ciment  libre d’éléments animal. Il y a aussi cette boulangerie ou les employés portaient de drôles de chapeaux en papier. J’aime bien leurs boulangeries ici, tous ces donuts, ces beignets en tous genres, avec ces couleurs bien vives et bien chimiques, garanties 130 % de sucre et garantie carie britannique avec 4 mois d’attente pour  avoir son premier rendez-vous avec un dentiste NHS,  le dentiste conventionné, donc a prix modérés qui parle bien anglais. L’école est grande, faite en brique. Il y avait trois entrées: Celle du milieu est la solennelle, grandes marches avec juste la place pour les différents coupés sports du headteacher, le directeur. Il en collectionne, je me souviens d'une Jaguar, une vieille nerveuse. Il a une petite taille et un regard fuyant. Jamais il m’adresse la parole et jamais je n’assiste a ses mornings staff meetings. Toujours en retard, en train de pousser le push-bike. De toute manière je suis excusé, je suis un étudiant prof avec le badge temporary en papier rafistole avec du scotch  rarement visible pour les élèves parce que pour les enfants ca veut dire pas vrai prof ou punch in ball. L’école est grande, immense avec de long couloirs a base de lino et de poubelles regorgeant de paquet de chips, canettes et autres trucs faisant partie de la catégorie junk food, nourriture de merde faite pour faire raquer les enfants et bien les exciter pour que les profs en prennent plein la gueule. Un cliché me vient à l'esprit. Une bande de jeunes gens attardés désignant les nouveaux produits de la junk food avec le malin plaisir et l'idée sous-jacente qu'ils vont bien les exciter les mioches pour que les profs en bavent et en bavent pour qu'enfin ils payent ces salauds tout le mal qu'il leur ont fait quand ils étaient élèves. Une vengeance bien manigancée et peut être méritée pour certains. Toutes ces portes battantes que je pousse a la va-vite. La sonnerie ne va tarder. Pas le temps de réellement comprendre quoique ce soit. Je vais voir M. Davies avec sa petite tête ronde sans cheveux ou si peu et son petit corps rondouillard. Il sourit tout le temps et écrit toujours pendant des heures ses cours sur le tableaux roulant blanc casse. Ces tableaux vinyles qui ont quatre tableaux incorporés, un nouveaux truc pour moi. Des grincements parfois, du marker noir un peu partout qu'on arrive difficilement a enlevé avec quelques graffiti d'élève dans les coins :KC Boys woz ere  2k5. Je perds mon temps et j'attrape un café que je m'enfile vite fait.
Je me dépêche vers cette salle et m'engouffre dans un long couloir, la ou la semaine dernière un quatrième année faisait du BMX. Je retiens mon souffle et je m'approche  d’un groupe d'élèves qui me font déjà la gueule et je leurs tire aussi une tronche. J'ai prépare ce cours comme un gros naze hier soir. J'ai fais des dessins, des sortes de diagrammes que j'ai dessine sur un transparent pour mettre sur OHP. J'essaye d'allumer la pièce mais l'interrupteur est casse. Les élèves rigolent. Alors je leur demande de s'assoir. Ils le font sans broncher a ma grande surprise. Je ne fais plus gueule, je ne sais pas pourquoi. Je m'assois et je regarde ma montre. On me demande on fait quoi aujourd'hui? Je regarde encore ma montre et je dis : « We probably need to revise and to set new targets... »  Personne n'a vraiment compris où je veux en venir. Je regarde par la fenêtre «  We probably need to think about a way to improve our success... » Je regarde maintenant par la fenêtre. Je vois aussi des mots qui se passent de tables en tables. Je m'approche d'une élève. Elle veut changer de place. Mais je ne sais pas ou la mettre un vrai casse tête ces seating plans. Je me regarde dans une petite glace près du tableau et je les vois m'épier et s'envoyer des  text messages. Je m'avance vers eux et j'ouvre le textbook a la page 22. Aujourd'hui it's about the near future. I am going to go – je vais aller et je dessine mon diagramme sur un bout tableau. La porte s'ouvre, un garcon s'avance et me demande quelque chose. Je ne comprends rien alors je dis non sorry. Certains élèves refusent de copier mon diagramme. Ils veulent copier le vocabulaire francais-anglais de la page 46. J'essuie mes chaussures et je leur dit qu'ils doivent m'obeir et que copier ne fait rien apprendre. Ils me disent que ca les relaxe et que de toute facon ils vont tous arrêter le francais l'année prochaine. Je m'énerve et sort de la classe. Laisser tomber. Prendre discrètement la tangente. Je regarde ma montre, que 15 minutes a tenir. Je vois deux élèves qui discutent près d'une porte de classe. Je m'avance et leur parle un peu.
- Hello, how are you?
- Stop stalking me fucking cunt. I won't be taking any instruction from a moron like you.
A ce moment-là je regarde par terre ou vers le poster expliquant la traite des esclaves de Mme Kendall. Je fais style que je n'ai pas entendu. Le tactical ignoring de Bill Rodger. Je regarde le triangle et je vois Rhode Island sur la carte. Un morceau de terre  au millieu d'un ocean de navires bourres d'esclaves. Je me retourne et ils ont disparu. Je me sens petit et affamé. Discrètement je me dirige vers ma classe. Je n'entends plus rien. Plus de voix d'enfants, de rires mais je vois un prof devant eux qui leur parle calmement. C'est Monsieur Davies qui semble maintenant inquiet. Il se demande surement ou j'ai pu bien passer. Je l'observe bien cinq minutes puis je m'éclipse sans faire de bruit. A cet étage il y a le local ou les cleaners rangent l'aspirateur et les produit d'entretiens. Je me cache dedans sans réfléchir. J'ai peut être juste besoin de ne plus me montrer, de m'éclipser pour un moment. Je ne peux plus me présenter devant le monde, de voir ces élèves ou ces collègues. Je vois défiler dans ma tète rue de Rivoli et ce parc  de la Tour St-Jacques. Je ne sais pas pourquoi je marche dans Paris maintenant. Il ne fait pas froid et il y a ces passants autour de moi . Je n'ai pas allumé l'ampoule de ce grand placard qui sent la cire d'abeille et  cet Antibacterial Spray Cleaner de chez Asda. Il y a l'obscurité et je ne sais pas quoi en faire. Je recule et j'entends quelque chose s'effondrer derrière moi, un gros bruit lourd et languissant. Je me retourne et allume la lumiere. Là, je vois un cadavre. Un homme d'une quarantaine d'années ou peut être moins. Les bras sont attachés et les jambes aussi. Sa peau est tendu et encore dans la periode rigor mortis. Il est raide comme un piquet. Je m'allonge près de lui.  Je le reconnais maintenant c'est un prof. Un prof de géo, grand et fat. Un libidineux endormi. Je me souviens juste maintenant  de ce Xanax que je prenais sur ce sol en galet. Je respire lentement. Mon bras me fait mal. J'ai du mal a respirer. Nice et la Socca. L'ail et le psy que je voyais. Putain, il faut sortir de ce trou a rat. Je vomis un peu sur le cadavre, sur son visage. Y 'en a partout. J'essuie son visage avec un vieux kleenex. Discrètement je sors. Je marche vite dans ce long couloir a plancher ciré. Des mouettes tournoient dans le ciel et font les poubelles.  Une porte claque. Une prof gueule sur un élève. Je reste la planté  a assister a la scène.  C'est Madame Crawford. Elle fait hurler la porte en la refermant. Le jeune reste près de moi avec aucune expressions sur le visage. Je lui passerais bien une tablet de fluoxetine mais j'en ai besoin pour ce soir. Il s'approche de moi et me demande.
_ You're the French teacher, aren't you?
_ Yes. Je réponds
_But you're MY teacher.
_ Why are you telling me that just now? I don't understand.
_ Teachers are all prats hiden in their funcking bunkers.  Aren't you supposed to teach me something instead of shitting yourself?
Je reprends mon souffle et je me mets a courir. Je glisse, tombe et me tors la cheville.
Claudicant, je me retourne et le teenager me lance dans la gueule:
_ You're a twat and a knob-end. I know you've seen the plonker in the cupboard.
Je ne sais pas quoi dire. Il sait que j'ai vu le corps. Est-il responsable de ce meutre? La tête un peu vide, je me laisse tomber au sol. A ce moment Mr Robinson arrive l'air apitoyé m'interroge:
_ Are you allright?
_ Yes, I've just fell on the floor.
Il me tend le bras et m'accompagne dans sa classe. Un petit groupe de senior pupils est en train de faire un past paper dans un silence calme et raffraichissant. Je m'assois a son bureau et il me sert un grand verre d'eau. Il me demande:
_ What happened?
_ I slipped.
Je ne sais pas je ne veux pas lui dire pour le corps du prof de géo. Pourtant je devrais peut-etre. Il me regarde droit dans les yeux et m'assène un:
_ A da ken fit ye saying min!! I dinna care fit anybody says. Tell me the truth min!
_ I've seen a body in the store room nearby. It's the geography teacher.
_ Fit one are you on aboot?
Je lui répète la même chose discrètement. On quitte tous les deux la salle de classe et je lui montre le corps. Mr Robinson, enfin Michael me regarde et reste pensif pendant une bonne minute. Il m'explique que l'on doit bouger le corps avec son fort accent écossais et son vocabulaire Doric que je me suis mis a comprendre et à apprécier depuis  que je travaille ici. D'après lui Mr Bairn s'est fait buter par un prof et il pense savoir qui se pourrait être. L'emmerdant c'est que le corps ne doit pas rester sous peine d'être subtiliser rapidement par l'assassin. Etant donné que le bruit s'est déjà rependu dans l'établissement qu’ un macabé  pourrit dans un placard, la moitie de la classe de Robinson en parlait déjà en début de cours. Je l'attrape par les chevilles et Robinson le chope par les aisselles. Un rapide coup d'œil pour voir si la voie est libre. Un silence règne dans ce couloir malgré des ricanements qui proviennent de la classe de Robinson.
_ Where are we going to put this body? Je demande. J'ai réellement aucunes idées.
_ We can put him in my boot just for today. I 'm just parked near this block.
Je peux pas croire qu'il veuille transporter un corps en plein jour dans un parking et le mettre dans le coffre de sa voiture.
Un rapide coup d'œil et nous voila en piste. Le corps est lourd mais les couloirs sont déserts a cette heure-ci. Le corps est recouvert d'une couverture verte piquée dans la salle de gym avoisinante. Une paire d'yeux nous détecte bientôt c'est la boulangère de chez Aitkein's qui vient livrer les buns pour les burgers du déjeuner. Je saute sur elle, elle en a même un choc.
_ Don't worry, I don't think that he is dead just now. He might have just slipped downs the stairs. We gonna bring him to A&E.
_ Aye, I ken. nae bother big man!
Elle me dit toujours la même chose, cette cousine de Robinson: de m'en foutre de tout et que cet hiver sera très froid car son caniche ne veut plus sortir. Il regarde la fenêtre et à la télé des émissions de danse. Je m'énerve à enfiler le corps dans cette fiat break Marea. Robinson fait péter une gorgée de Lagavulin 16ans d'âge ou du Ardbeg. On se casse du bahut à donf, le corps dans le coffre qui bouge dans tous les sens. Mais pourquoi accélérer comme ca.  Robinson ne veut pas dire pourquoi. Il regarde sans cesse sa montre et me parle d'un train qui arrive a 14h 34. Nous voila maintenant a un carrefour près de la gare une petite blonde nous fait signes. Elle monte vite dans la voiture et commence a parler une langue étrangère que je ne comprends pas. Je ne comprends pas, je le dit en français à la demoiselle et elle me répond dans un français sans accent:
_ Je m'appelle Anika, je suis allemande mais je parle suedois avec Michael. On a vécu ensemble au 21 Ölandsgatan a Kalmar près du Trainingcenter ou je donnais des cours de sport.
La voiture vient de se garer dans un parking entouré de grands arbres. Je touche une couronne dans ma bouche qui est fêlée depuis quelques jours. Je me sens pris d'une angoisse temporaire et sourde. Je vois la pince et l'extraction et la facture à payer lu par la jeune femme a l'ordinateur qui n'accepte plus les cartes American Express.
Le sol est mouillé et le corps  j'y pense toujours. La fille monte en courant dans l'appart. Michael vérifie trente fois que le coffre est bien fermé. Il parle tout seul et essaye de me raconter quelque chose sur cette fille mais je n'y comprend rien. Il est maintenant trois heures quinze et la sonnerie a la secondary school vient juste de se faire entendre. The school day is over. Probablement notre absence est passée assez inapercu.
_ Come with us, lets have some peace and a drink to chill out a bit before dealing with this guy.
J’acquiesce. Michael est un brave type qui vous laisse toujours pleins de boulot pour sa classe quand tu fais une cover pour lui. Des qu'on entre le téléphone sonne, personne ne répond, Michael sirote un whisky et moi une bière sans réel gout. Je m’écrase dans son canapé moelleux. La porte claque et je vois la belle blonde a poil avec son petit accent suédois ou belge qui s'approche de moi, l'air décidée. Je fais mine de l'ignorer mais ma queue se hisse tranquillement a la verticale. Je bande comme un fou. Je me souviens alors de cette histoire bizarre racontée il y a trois jours. Un yorkshire terrier qui garde la maison d'une vieille et fait fuir le postier a tous les coups. Il n'a pas mis les pieds depuis 6 semaines dans le quartier. La belle yorshire terrier s'appelle Peggy. Mais pas un signe de repos, ma bite se durcit de plus en plus, je ne vois plus le yorshire et sa crainte sur le visage du postier mais bien plutôt une ravissante femme qui commence a me parler de ses voyages dans le sud-est de la France. Je l'attrape et la serre dans mes bras. Elle ne se débat pas et me caresse les cheveux. Je la regarde fixement dans les yeux et je lui demande:
_ Pourquoi tu te balades a poil?
_ Je vis a poil. Je dors à poil, mange à poil, descend parfois les poubelles à poil, je m'éclate a poil. Je te kiffe a poil! Alors tu viens te mettre a poil près de moi au chaud ?
Ma queue est redescendue, le soleil aussi. Je ne veux pas baiser, non. Je prends une chaise et je compte en espagnol jusqu'a 70. Michael rigole et s'est mis en short. Il commence une série de pompes avec un seul bras. Je compte encore en espagnol. Il vient d'en faire 70! Anika s'en va dans la chambre a pas feutrés et me jette des regards  insistants. Je n'en peux plus, je la suis sans réfléchir. Michael fait des dips sur les bords de sa baignoire et alterne les ricanements avec des  petits cris douloureux. Je me  mets maintenant à la suivre dans la chambre. La porte s'ouvre sur une petite chambre avec un petit lit avec sa table de nuit made in la redoute 1986. Elle me déshabille rapidement et me demande l'heure. Elle me dit:
_ Ok, c'est bon mais on n'a pas beaucoup de temps, quelqu'un m'attend dans cinq minutes dehors.
Je la regarde un peu et me dit que je ne sais plus ou donner de la tête. Mon sexe  va et vient entre l'exitation et sa passivité nonchalante. Soudain je me décide, je me mets contre elle et la pénètre nerveusement. Son souffle me caresse les oreilles et elle commence a me parler doucement d'une tante a Chalon sur Saône, de ces rue piétonnes avec des maisons a colombages. Pourquoi pas? Je ne crois que je connaisse cette ville. Je caresse son corps et je m'incline devant sa beauté, ses courbes magnifiques. On claque a la porte c'est Michael qui rouspète contre Anika. Il y a un gas dehors qui la demande. Il faut qu'elle se casse vite. Anika m'embrasse et se rhabille vite fait en me récitant du Paul Fort intitule La ronde autour du monde ou les souvenirs d'un vieux cahier de ses années primaires. Cette une belle après-midi maintenant, je regarde au loin des barbecues qui s’illuminent. Mon sexe ne me parle plus et j’en ai rien a foutre. Je veux maintenant couper du bois avec une Gransfors Bruks Wildlife Hatchet près du parking pour me soulager. Le parquet grince et je vois Michael entrain de mater la télé. BBC news parle encore des crises financières européennes et les organismes de notations veulent downgrader la France. Je redescends au parking et je regarde de beaux thuya géants qui me font face et j’admire des rayons de soleil qui dansent entre les branches de ces magnifiques arbres. Je me rapproche de la caisse de Michael et observe le coffre. Je teste la serrure. Tout ce tient. Le corps est dans le coffre a attendre son prochain voyage. Soudain on me tape sur les épaules et c’est Michael qui me fixe du regard l’air décidé et me prévient que le moment est venu d’agir. Ce soir on doit se débarrasser du corps. Il me balance dans la figure:
_ Tonight we bury him in the headteacher’s back gardern, a present for this bastard!
Il a l’air excité subitement. Il s’excite et commence a taper sur les pneus de sa voiture. Je peux pas me mettre dans la tête qu’il veut passer du temps a creuser un trou dans le jardin d’une villa d’un quartier chic. Il me siffle dans l’oreille que de toute façon ce cadavre est une aubaine. La police n’en fera rien et mais nous, nous pouvons nous en servir pour faire changer des choses. Je ne comprends  pas cette histoire. Un boulot de prof, une trouille au ventre, une course dans les couloirs, un cadavre dans un placard et un collègue qui veut régler des comptes. Maintenant il m’attrape par l’épaule et me ceinture et me dit en rigolant qu’on sort. On va au resto, un endroit sympa prés d’un petit port. De l’eau froide, une mémé qui tient le pub avec un vieux chien noir et blanc qui vous observe fixement. Sur la route, on est un peu secoués, j’entends le  corps qui rebondit dans le coffre comme un mélodie sourde qui me rappelle mes dernières courses au supermarché, le coffre encombre de légumes se balançant a tous bouts de champs. Des courgettes baladeuses. Des boites de beans se fracassant sur le liquide vaisselle.  La rue est déserte, on se gare près d’une maisonnette a double garage bien cimentée. Fermeture centralisée des portes qui se fait entendre , marche courte dans les ruelles désertes de ce village au bord de la mer. Je regarde autour très  peu de lumière dans les maisons. Un calme répandu avec un sorte de rigidité scientifique. La porte s’ouvre et le chien aboie. Il se jette sur nous pour renifler nos jambe et la patronne nous salue et nous dirige vers une table. C’est du pin bien cire et un menu bien plastifié, tout propre. J’écoute de la musique. C’est du jazz d’Archie Shepp. Le morceau c’est “blasé “. Un titre assez sexuel et entrainant. Le saxophone nous entraine vers un menu  fish and chips avec du vinaigre  sur le bord de l’assiette pour l’acidité. Les gens arrivent petit a petit. Un groupe de jeunes femmes reste au bar et commande un apéritif. La robe fendue d’une grande brune laisse apparaitre de belles jambes. Les verres se touchent et ça trinque a tout vent. Je regarde mes chaussures et cherche a trouver un mot a dire a Michael. Et il me regarde en éclatant de rire. C’est champagne ce soir. Michael le veut et l’aura. On va se murger la tête, s’envoyer les neurones en vacances, se décapsuler la gueule a coup de plaisanteries douteuses et d’alcools dans toutes nos veines. Je m’enfile la première flute et rien , juste un petit sourire que je perçois de la grande brune qui me fait face. Michael rigole. Il a fini son repas et commence a mater le bar avec insistance. Les filles se mettent a rire aussi. Elles n’arrêtent pas de chuchoter des trucs surement sur nous. Je me lève et m’approche du comptoir ou elles se trémoussent. La musique est forte maintenant. Je l’entends taper dans mes tympans. Une palpitation sourde. Je n’entends pas ce que me dit la belle brune. C’est comme un chant mélodique ou je ne remarque que sa jolie bouche et ces belles dents blanches. Elle me tend un verre et se met a rigoler. Je bafouille un thank you et je m’assoie sur un tabouret a cote d’elle. Michael vide la bouteille assis a notre table, l’air observateur. Elle a un accent que je ne connais pas, une sorte d’anglais que je ne comprends a peine. Elle se répète plusieurs fois en souriant pendant que Michael me fait signe de me la ramener avec elle a notre table. Elle me suit sans sourciller. Elle est douce et grande. Elle n’a pas l’air saoule ou débile. Elle respire la patience et l’intelligence. Je ne sais plus très bien quoi faire, j’entame la seconde bouteille de champagne que Michael a commandé sans m’avertir. Il nous observe sans un mot avec le sourire au lèvres. Je lui présente Michael et lui dit mon nom :  Simon. Elle sourie et répond: Sandra. Elle lève son verre et nous trinquons tous les trois. Michael sort quelques vannes et elle se met a se marrer. Elle me demande d’où je viens et pourquoi je suis venu ici. Ses copines se sont assisses a une table près de nous. Elles s’amusent et nous jettent un regard de temps en temps. Je lui donne des explications farfelues. Je suis Français et prof de Français et d’espagnol.  Je parle mal le Français et l’espagnol. J’ennuie mes élèves. Je ne supporte pas mon boulot. Je suis venu par hasard dans ce pays. Mon accent en anglais a changé. Mes élèves le décrivent germanique et comique. C’est celui d’Arnold Schwarzenegger perdu en banlieue sans scenario au milieu d’un groupe de teenagers qui le parodient en lui balançant a la gueule “ I’ll be back” toutes les cinq minutes. Tête de nœud perdu dans un champ de colza sans tracteur ni permis poids lourd. On vient d’ouvrir une fenêtre, je respire mieux. Michael est parti dehors. Sandra s’ennuie, elle regarde vers la table de ses copines qui elles s’amusent bien. Je lui demande son boulot et elle me répond flic. Je commence a baliser intérieurement, un flic devant moi et un cadavre dans un coffre a quelques mètres. Alors je décide de finir mon hadock et elle choisit de me parler de son boulot. Quatre arrestations hier soir, un meutre, un gars retrouvé dans le jardin d’une église près d’un dojo de karaté. Un trafiquant récidiviste suicidaire pris en flagrant délit dans une attaque armée dans un supermarché près d’un salon de coiffure désert.  Son arme , celle de sandra bloquée, en panne. Toujours en réparation. Des collègues, certains désagréables qui l’incendient d’injures quand elle n’arrive pas a mettre la main sur un délinquant. Des pauvres types qui la critiquent constamment et des lettres recommandées qui la menace d’un licenciement expéditif. 
Elle finit son verre et se serre du champagne. Elle se met à se marrer et enfile son verre d’un trait.
_ You want to go outside babe? Me chante-t-elle.
J’acquiesce et me lève un peu étourdi. J’éclabousse mon verre sur ses longs cheveux bruns. La nuit est belle. On voit bien la lune et le parking est bien éclairé par des réverbères puissants. Elle regarde le ciel étoilé et commence à chanter une chanson que je ne connais pas. Elle s’approche d’une voiture et ouvre la porte du conducteur. Elle mâche un chewing et est maintenant au volant de cette Renault Mégane, un peu poussiéreuse. Elle me fait signe de monter. Je la regarde fixement et ouvre craintivement la porte avant du passager. Elle met de la musique, une compil des années 70 avec Les Bee Gees en guest stars.
_  I have to tell you something, this is very important. Please don’t repeat it to an body.
Je lui dit qu’elle n’a rien a craindre. Je serai muet, je sais garder des secrets. Je suis pas un cave de chez cave. Elle commence à me dire quelque chose d’illégale ou de rocambolesque. Elle a buté son fiancé. Une grosse larve agressive et dépressive qui ne faisait rien dans la vie a part bouffer devant la télé pleins de yaourts et la critiquer tout le temps. Il avait été boucher avant, longtemps déjà mais licencier pour fausse grave. Il aimait saigner les cochons dans l’arrière boutique quand son patron s’absentait une heure ou deux pour mater un jeu télévisé ou faire autre chose avec sa femme. Il s’était mis a boire aussi. Il mettait le vin dans de grandes carafes en Crystal qu’il avait achetées aux puces pendant ses jours de repos. Il trouvait ça plus classe ou aimait voir le vin rouge dans les grandes carafes. Il pouvait rester des heures a le regarder. Il n’avait plus d’amis simplement un voisin schizophrène qui faisait régulièrement des séjours en hôpital psychiatriques. Il disaient qu’ils voyait des vautours survoler sans cesse sa maison. On allait l’emporter, le kidnapper et le faire bouffer de force pour le faire crever. Son fiancé lui avait trouver un vieux fusil d’enfant et lui avait donné pour qu’il puisse assurer sa protection personnel. Sandra avait vu le fusil plusieurs fois trainé et ça lui avait donné  des idées. Un soir qu’elle faisait la vaisselle, il s’était approche d’elle pour caresser ses seins. Toujours saoul comme une barrique. Elle ne sais pas ce qui c’était passé, elle avait sorti son arme de service qui cette fois s’était mise a marcher. Elle l’avait buter froidement en plein visage. Mort sur le coup. Il gisait dans la cuisine près d’une mare de sang que leur petit chaton s’était mis a sentir craintivement. Elle était restée calme et sûr d’elle-même comme si elle savait déjà quoi faire d’avance. Avec une extrême precision, presque scientifique, elle avait transporter le corps dans  son garage en couvrant  la blessure au crane avec un torchon. Elle avait tout nettoyer dans la cuisine a coup de produits ménagers successifs, inspecter le moindre recoin du pavillon a la recherche de la moindre présence de son defunt homme: sang, salive et autre cheveux dont l’adn pourrait parler ultérieurement. Pour elle, il était parti. Il l’avait quitté et il était vivant quelque part pour recommencer ailleurs sa vie de raté, d’alcoolique amateur et triste marionnette grotesque en plastique suranné. Une saloperie eliminée. Elle était bien contente. Elle l’avait foutu dans son coffre. Elle  avait bien pensé a l’enterrer dans la cave mais elle avait vu dans un film qu’un corps pouvait remonter a la surface en cas d’inondation dans la cave. Le corps tenait bien dans le coffre de la Renault Mégane. Bien recroqueviller et envelopper. Elle s’était changée et avait appellé des copines pour se saouler la gueule ou juste pour s’amuser. Elle n’avait pas eu vraiment de crainte. Elle se sentait flic et au fond buter quelqu’un c’était un truc que l’on pouvait faire parfois. L’arme de service était là pour quelque chose. Elle n’avait plus d’amour pour ce type. Il avait été un boulet pendant des années. Une perte de temps, une bouche a nourrir et à chier. Un ventre flasque qui ne cessait de la critiquer, de lui envoyer des assiettes a la figure. De la  traiter de lesbienne invertébrée et décervelée. Elle aimait les hommes mais pas ceux-là, pas ceux qui n’ont rien dans le ventre, que du coton sous cellophane. Des canaux rectales encombrés et des cerveaux embouzés par la merde des années non digérées. Elle reprenait enfin sa liberté, son désir d’amour et de vie se mettait enfin à réapparaitre. Elle respirait mieux. Enfin elle allait se remettre au sport  et à manger plus équilibré. Ne plus se taper ses programmes de reality show ou des gars  se battent a poils dans des chambres sans fenêtres.  Eliminer toutes ces bouteilles de vins à recycler, balancer ces grandes carafes, crier sa haine a cette saloperie de vie qu’elle avait vécue avec lui. Elle avait cru aussi que le chaton lui avait souri, juste pour lui signifier qu’il comprenait son geste et peut être l’approuvait. La vie devenait plus forte avec plus de saveur. La voiture filerait sur la route endormie. La nuit, au volant, elle sourirait dans une belle robe sexy avec son fiancé dans le coffre endormi. Une carapace, elle sentait une carapace autour d’elle. Une pesanteur levée. Elle était sûr d’elle. On n’allait pas la coincer. Elle allait vivre. Peut être devenir folle mais elle n’allait pas finir derrières des barreaux. Elle avait des choses à faire à dire et à comprendre. La trentaine bien passée, elle voulait des enfants et les élever. Les avoir seule à sa charge ne lui faisait pas peur. Elle n’avait pas peur de la solitude ou de tous ces trucs que l’on lui rabattait les oreilles. Elle voulait s’éclater. Demissioner de la Police? Peut-être pour quoi ne pas ouvrir son propre restaurant? Diriger une petite équipe et servir des sandwichs a des touristes en short.  Elle s’ arête de parler. Elle regarde par la fenêtre et se met a chanter un truc sympa sans vraiment connaitre les paroles. Je prends sa main et je lui parle de mon cadavre a moi. Elle sourit. Un prof dans un coffre qui attend aussi d’être déplacé ailleurs, dans un back garden. Un type qui n’avait rien demandé qui reste muet et mort dans un coffre qui commence a sentir mauvais. Un type qui me ressemble un peu, un type qui a mal fini, qui a mal choisit la porte de sortie. Une tache dans un CV, un mort a enterrer, a faire disparaitre. Pourquoi le faire disparaitre et non pas le livrer  a la police? Parce ce corps est un poids, une mission, un boulet auquel on doit se détacher soi-même. La police n’a rien avoir avec tout ca d’une certaine manière. Le corps va être enterré ce soir, un point c’est tout. Il est tard maintenant. Je commence a fatiguer. Michael a dû rentrer a l’intérieur. Elle me demande de le chercher. J’y vais. Il y a une odeur agréable dehors maintenant, un parfum, un amat de fleurs qui embaume les alentours du pub. Je retrouve Michael entrain de compter des pièces sur la table. Il veut se barrer. Il en a marre. Il s’est fait jeter par une nana du groupe de Sandra. Il s’est fait traiter de tous les noms parce qu’il avait commence a parler de sexe. Il regarde sa montre et veut se barrer le plus vite possible chez le headteacher pour faire disparaitre l’autre. Je lui parle de Sandra. Je résiste pas longtemps et je lui parle de son cadavre dans le coffre. Il se met a rigoler et me dit que l’on n’a qu’a les enterrer ensemble. Leur faire une belle sépulture dans le back garden d’un crétin sadique, notre headteacher. Sandra débarque aussi et s’approche de nous.
_ We need to go now. I’ll bury him as well in the back garden .
Sandra nous a abasourdi avec ces mots. On est sans voie. Relégués a un sourire niais et des acquiescements de la tête. Pourquoi pas? Elle peut nous aider, nous donner des conseils dans le maniement d’un mort. Après tout c’est une flic, elle a des notions, ça fait partie de son boulot. Les regards s’échangent et se comprennent. Elle nous sourit  maintenant. Les phares des voitures s’allument et les moteurs vrombissent. On part en escorte. Ca secoue. Michael conduit calmement. Il conduit la danse. Sandra suit avec un professionnalisme étonnant. Elle ne bronche pas. Elle suit les courbes des petites rues de cette banlieue. Elle s’imagine peut-être qu’elle est sauvée, qu’elle a trouvé son équipe. On va l’aider, demain son corps aura disparu, perdu dans la terre qui efface et salit tous. Une bénédiction cette rencontre, enfin des êtres qui pouvaient la comprendre, lui tendre la main et l’aider a creuser le trou nécessaire a une disparition . Au revoir crétin, petite souris oubliée dans un coin de jardin, vidée de sa substance. Evaporé dans le silence des années a venir. Le plastique noir du volant de la Mégane pue et colle aux main de Sandra qui commence a transpirer et se perdre dans ses ruelles de ce quartier résidentielle. De grands balcons ou on entend des gens rirent. Ils jouent peut être aux cartes et boivent a volonté ce qu’ils leur passe sous la main. Une vague chaude, un air marin envahi les visages. Les voitures sont garées et Michael s’aventure dans un passage étroit. Il escalade un muret, regarde dans tous les sens. Aucun chien n’aboie. Quelques vieilles dames regardent la télévision en face et une dame promène son chien au loin au fond de la rue. Le jardin du headteacher est petit, un bout de gazon tondu a ras avec un petit cabanon bleu dans le fond. Michael s’approche du cabanon et secoue la porte. Mais la porte est verrouillée avec un cadenas. On est con ou bien on a bien fait: on a rien pour creuser la terre. Pas de pelle ou autres ustensiles de jardin. Michael s’acharne sur ce pauvre verrou éclairé a peine par la lumière de la rue. Le porte-cadenas est une vieille merde cloué dans le bois qui cède rapidement. La porte s’ouvre.  Une vieille tondeuse l’accueille et un barbecue flambant neuf brille de toute beauté. Enfin il leur fout un coup de pied et ramasse une pelle bleue jamais servie avec le prix dessus. Sandra trouve un petit transplantoir rouillé. Elle se met a sourire, presque a rigoler, son truc est rose. Il ne manque plus qu’un petit sceau et elle peut faire des pâtés. On entend des chiens aboyés à côté à  quelques maisons de là . Michael se met a creuser derrière le cabanon avec calme et sans vraiment beaucoup de conviction. Il s’essouffle maintenant et se met un peu  a vomir. Je prend le relais, la terre est molle et très humide, facile à enlever. Sandra déplace la terre plus loin avec sa petite pelle rose. Il faut un sacre trou pour enterre ces deux-la. Les chiens se sont arrêtés d’aboyer. Tout est calme et je pourrais presque m’endormir, mes gestes sont lents et monotones. Michael reste couché, un peu abêti, l’air lourdaud. Une heure a passée, et le trou peut maintenant accueillir les deux cadavres. Les uns sur les autres. Ils sont rapidement recouvert par la terre. On a dû se faire voir, je ne peux pas croire à autre chose. Sandra calmement me regarde et m’explique qu’il n’y a personne qui puisse nous voir ici. Son œil de flic me montre des fenêtres lointaines qui ont peu de vis-à-vis avec nous. Et transporter deux corps dans un jardin tard la nuit n’est pas spectaculaire. Il étaient bien camoufflés, emmitouflé, discrets et pas exigeants. Deux souvenirs a ranger, a poser pour leur calme respectif. Elle me raconte que l’on attache une trop grande importance a l’imagination des gens. Après une certaine heure, la fatigue grandissante, la plupart des gents  ont du mal imaginer quoique que se soit. Deux gros sacs transporter a une heure tardive ne sont que deux gros sacs. Ce qu’ils contiennent  on en a rien a battre. Malgré tout je me souviens de ce couple partis a l’étranger pour 2 mois  qui avait découvert a leur retour qu’une rumeur circulait a leur sujet. Le vieux voisin d’en face avait cru voir une camionnette de police garée devant leur porte et en avait touché un mot a tout les voisins. Ensuite les langues s’étaient déliées. Les gens avaient commencés a parler. Une sombre histoire de meurtres. Le couple avait été arrêté. La police les avait suspecté d’avoir enterré des corps dans leur jardin. 32 ans dans le même quartier, et ils étaient devenus des assassins accusés d’avoir comme nous creuser des trous dans un jardin pour y loger les corps de leurs victimes. Sandra a l’air satisfaite. Elle agite sa petite pelle pour nous faire signe. Tout va bien jusque là mais malheureusement ça n’a duré qu’une courte duré. Une lumière s’approche. Le pas est calme mais hésitant. Un petit gars chauve nous mate, l’air penaud. Un vieux teckel dégarnis qui pisse sur ses plates bandes et se demande avec stupeur qu’est-ce qu’on fout dessus. Il porte un vieux pyjama sous son peignoir bordeaux avec des petites fleurs violette. Et se met a sortir une bouteille de whisky.
_    You want some, fellows?
Je ne peux pas le croire c’est notre headteacher Mr Bolton. Il est complètement saoul et veut maintenant chanter avec nous. Il a pris la grande pelle et s’amuse a nous balancer de la terre dessus. Une crapule, celui-là, un sans-cœur, un petit sac a merde qui se prend pour Dieu sur terre. Il s’imagine sûrement en haut de son trône a prêcher la  bonne parole. Il glisse sur le sol et se met a jurer. Sandra le regarde fixement toute surprise. Ce type est un clown, un fantôme d’une autre époque qui ne nous reconnait pas Michael et moi.   Il titube et tombe encore et encore sur le sol meuble. Il ronfle maintenant l’air goguenard. Il n’a rien compris, on lui chie dessus a celui-là . On l’emmerde cette vermine, ce pisse dru mal embouché. Cette petite chose qui n’a pas beaucoup de sens. Un petit cerveau qui se sent seul et qui fait un petit somme. Sandra et Michael se tirent sans un mot. Il n’y a rien a dire. On est foutu. Il nous a vu. Ils vont découvrir les corps rapidement et nous mettre sous les verrous. Mais on en a rien foutre ici. On quitte cette petite rue vite et on ne dit pas grand-chose. Sandra nous suit un moment et disparait dans la nuit. Michael ralentit soudainement et me regarde l’air hagard.
_ I am feeling shit and lonesome.
_ Why?
_ Because I didn’t  want all of that, I was joking. I mean those two guys are dead and burried and I can’t think that I made them disappear.
Je pense que le sujet n’est pas ça. Michael n’a pas compris. Le problème n’est pas la mort ou la disparition. C’est un problème de sens. Michael ne comprend pas le sens de notre geste. Il a beau chercher, il ne voit qu’un vide ou une prise de risque insensé sans queue ni tête. Une rébellion ou un accès de folie qui mène a la Taule ou l’hôpital. Une puissance, une force qui l’a catapulté dans ce cercle vicieux où le passé doit être effacé, laminé, débarrassé de toutes scories perturbatrices. Les corps doivent être abandonné a des trous béants et les gueules autour sont refroidis presque minérales et saoules. Petits fantômes blafard au volant d’un quatre roues sans but ou itinéraire a suivre. La nuit est calme et mes genoux sont calmes. Je ne sens rien ou simplement l’air sur mon visage. Un cour instant je repense a Sandra, a ses cheveux bouclés et a son regard sûr et déterminé. Un incendie au loin, deux voitures embouties. Des gens  s’affolent sur le terre plein central. Il va falloir trouver le sommeil maintenant. Apres cette journée, je n’en vois pas la fin. Michael me dépose chez moi. L’immeuble est assez haut, moderne avec des balcons. Sans faire de bruit j’ouvre la porte de l’appartement un chat dort sur le canapé. Je m’écrase dans mon lit. Un long sommeil me rattrape. Je me vois pris, happer par une vague. Me trainant difficilement au milieu de détritus flottant. J’appelle a l’aide mais il n’y a personne. Un petit teckel brun renifle ma main gauche et pisse allégrement sur moi. Mouillé, abattu, je m’agrippe a un gros morceau de bois. Le courant m’emporte alors loin mais a la fin du rêve, l’eau a disparu, je suis maintenant nu devant un miroir qui me donne qu’une image floue de moi-même, Le téléphone sonne. Le réveil est dure. Un long récital d’excuses et de justifications..  Pourvu que la police ne soit pas au courant. Ma mère ne peut plus attendre. Elle se sent coupable. Elle doit me parler très vite. Elle viendra le plus vite possible tel que je la connais. Un petit sourire aux lèvres, je devine mon embarras. L’héberger va être difficile, le salon est couvert de vieux journaux et le canapé est dans un sale état. Je regarde par la fenêtre et je vois passer un train. Deux secondes après le téléphone encore. Ma mère est encore au bout du fil. Elle m’annonce qu’elle arrive demain en train a 19 heures trente. Je n’arrive pas a comprendre,  elle perd son souffle mais commence a me réciter un long monologue sur un héritage a venir. Une vraie souricière cette histoire! Je me catapulte sur mon plumard et attrape un vieux magazine sur les Beatles on y voit Paul Mac Cartney fumant un gros joint prés d’un tilleul dans le sud de la France. Le téléphone sonne encore et c’est Michael. Il n’a pas l’air bien. Il m’annonce qu’il ne veut plus revenir demain au lycée. Il veut se barrer le plus loin possible, mettre les voiles, s‘arracher le plus vite possible. Il me propose de l’accompagner demain matin. Direction le continent, quelque part, loin du bruit et de la platitude des discours et des jardins a gazon bien rasés. Je baragouine un truc du genre que j’assume mes actes et que si je dois être arrêter, je me livrerais sans broncher. De toute manière mon cerveau ne voit pas de sens dans la fuite. Pour aller ou? Me la taper douce a Chypre ou en Amérique Latine.  Non, merci. Je préfère encore me livrer dès maintenant. Leur raconter la vérité. Leur dire que ces deux types ont une sépultures décente maintenant. Ils sont au calme et a l’abris des mauvaises odeurs. Je respire fort et je mets la radio un air d’Aretha Franklin : “ I say a little prayer”.  Pas besoin de rêver, j’accompagne mes gestes gentiment sans broncher et je me jette sur mon lit et m’endors d’un trait.  Où sont passés mes rêves? Rien ne s’échappe de ma tête. Je ronfle a qui mieux mieux et semble sourire d’un air dégagé et presque méprisant. Le matin vers 6 heures, le réveil se fait sans problème. Je m’écrase sur mon porridge et  l’avale sans un mot. Je pars pour le lycée le cœur serré et sans trop d’espoir. Je m’envole sans y croire dans ce train qui n’avance pas. Le lycée n’a pas changé depuis hier. Un groupe d’élèves me dévisage et m’invective.
_ Where is Mr Bairn? Where have you put the body?
J’essaye d’ignorer leurs question et me dirige vers la salle des profs. La salle est remplies de gâteaux au chocolat avec des Smarties. C’est l’anniversaire de William Byllow le prof de math malentendant. Il s’approche de moi un me tend une part de cet immonde gâteau a fort taux glucidique. Il me traite allégrement de con, de Frenchy néandertalien qui ne comprend rien a la vie a cause de ma décision de ne pas me joindre a leur cake partie. Le sucre est autant une drogue que le tabac ou l’alcool et il tue plus chaque année que ces deux la. Le gras tue et la connerie aussi, la mienne vient de jouer avec la mort récemment en particulier en l’enterrant.  Je secoue un oreiller dans ma tête  et je me persuade que je ne suis pas seul dans ce cas là. Je divague un instant et reprends mes esprits. Je prend un tas de feuilles dans mon casier et me rue dans les longs couloirs d’un vieux bâtiments. La mort de Bairn ou sa disparition ne semble pas provoquer une grande vague d’émois dans ces lieux où règnent un certain calme pathologique. Je rampe presque à mesure que les marches se succèdent et la fatigue me cogne et m’énerve. Fait chier cette distance, cet immobilisme latent, cette passivité morbide et sans intérêt et perte de temps. Je suis près à labourer la terre et à m’énerver, à tout changer, à remodeler encore et encore un monde a qui on se doit de   prendre ses responsabilités, c’est à dire se défoncer pour que la vie triomphe, le changement, toujours le changement pour ne pas crever déjà sans vie, sans avoir fait quelque chose qui porte sa marque et non celle d’un système qui veut s’insinuer partout dans votre vie même a l’intérieur de votre corps. Les pas sont dures sans sentimentalité. La gueule blafarde mais efficace, je récite le register avec rapidité et professionnalisme. Où est passé l’amateurisme et la crainte , la déprime du quotidien? La valseuse qui fait tourner la tête et empêche de penser, qui ne voit qu’un ensemble d’événements qui s’enchainent quotidiennement avec une rigueur implacable et millimétrée comme du papier a musique, qui bouffe le cerveau et qui laisse apercevoir qu’une seule issue: encore la même chose, encore et encore et même c’est toujours encore plus dur. Tout ça s’évapore. Le seau se vide. Je me sèche. Il y a eu cette mort et l’autre aussi qui ont fait sortir la colère. Je jette l’éponge, je m’expulse de moi-même. Je rie de moi. Je m’éclabousse. Le temps n’est plus le même. Il n’est plus long et dégoulinant mais bien plutôt figé à ma merci. Oh la, tu restes là et tu ne bouffes plus. Tu te tais et tu écoutes. Tu écoutes les choses que j’ai à te dire. Tu divagues, je m’en fous, tu joue la répétition, je m’en fous, tu joues les meneuses de leçon, je m’en fous, tu crois que c’est comme avant, tu te trompes! Les choses vont changer. Vite et bien. Ce lieu sordide et déplaisant va grandir, se développer, s’affiner pour tous. Les enfants sont là et ils prospéreront. Les adultes deviendront vraiment des hommes pas des paillassons a poils mous. Une sirène retentit c’est la fin de la registration. Calcul rapide presque 6 heures de cours et j’ai fini ma journée pas de regret ou de séance de râlage mais un constat. Il y a un groupe devant moi qui attend en bavardant allégrement. Après une rapide explication sur une règle de grammaire, mon cours de Français se laisse avaler par ce groupe de première année. Un certain James ne veut rien faire et agite un vieux crayon pour me signifier qu’il veut son taille- crayon bien mérité. Je l’ignore et je poursuis. J’avale en passant deux paracétamol pour conjurer un mal de tête qui s’annonce. Soudain j’entends des cris au fond de la classe: deux élèves qui se bastonnent, une fille et un garçon. Je vais t’éclater la gueule, sale merde, grosse bite en lambeau, tête de nœud sans visage et sans conscience. La gamine a finit de déballer sa fiente et me regarde l’air inquisiteur. Sans honte ou crainte elle me sort:
_ You got nothing to do with that. Mind your own business. You got no rights over us.
J’essaye de la calmer mais elle a de cesse de me couper la parole et de me rentrer dedans. Le garçon s’y met maintenant.
_ You are going to be suspended, everybody know it now. You ‘ve got no place in this school. You just need to go. Let’us deal with our own business. Leave us alone!
Je les regardes ébahi. Sans rien dire, je note la moindre de leur parole dite ou a venir. Je reste calme et sans un mot de trop je reprend le cours. Un store se détache et la classe hurle. Je reste calme et absorbe mon energie dans plusieurs exercices grammaticaux. Plusieurs exercices sur le Perfect tense et un sur l’imparfait. Je culmine dans mon art. Je manie avec dextérité le smartboard . Je ne sais pas si je passionne mais on me regarde et on m’écoute peut-être. La sonnerie retend et enfin je peux souffler, je mets a respirer fort. Ces 2 là au fond me regarde et ne veulent pas sortir de la classe. Je m’approche et je me mets a les écouter.
You want to smoke with us?
Le gaillard n’a pas peur et il me sourit maintenant. Il m’explique que tout a l’heure tout ça c’était du vent, de la blague, du cinéma édulcoré, de la nioniotte débile destinée aux autres pas a moi. Ils me proposent quelque chose d’autre plus sérieux. Un meutre? Un vol? une sale histoire? Non, rien de tout cela, de m’échapper ou plutôt de m’aider a m’échapper pour de bon. Ils me veulent du bien. Il faut que tu te tire de ce sale bahut, de cette merde roulante hanarchée a une horde de bullies comateux et débiles qui soit-disant sont nos managers pour que tu puisses enfin vivre. C’est quoi le deal?  Poser une prière? Ils vont me proposer de lancer une rumeur sur moi? En quelque sorte oui, il veulent m’aider a être suspendu pour que je puisse quitter le navire. Prends tes clics et tes clacs, mord dans le gras et joue le salaud. Imagine… ils me disent. Je leurs ai hurlé dessus à tel point qu’ils se sont sentis si mal, qu’ils me croyaient prêt à leur sauter dessus pour les broyer ces petites ordures. En somme un prof qui aurait pété un cable, qui aurait prononcé des menaces verbales et même peut-être physiques contre de jeunes gens sans défense. Je suis balayé, défoncé du coffre. Comment accepté un truc pareil? Faudrait être fou. Non, je ne veux pas avoir cette réputation, je veux vivre, m’échapper  de ce boulot par la bonne porte de sortie, pas par une porte dérobée ou règne la suspicion et les ragots dégradants . Je réfléchis trente secondes et je dis oui. Alors ils quittent calmement la salle. Et soudain dans le couloir j’entends des cris. Des gens accourent. Le brouhaha monte. Des cris s’arrachent de la mêlée. Ma porte s’ouvre. Déjà je dois rendre des comptes. Un depute head face a moi.
_ You need to follow me right now Mr Bolton wants to see you. That’s serious.
Je suis comme un petit caniche poilu la grande Maggie Thompson, tout en souriant au fond de moi. Je suis sûrement suspendu pour quelques jours voilà tout. Le temps de respirer, de chausser de belle chaussettes en laine et de roupiller devant un écran plat chaud dans une administration chiante mais pas trop exigeante.
Le bureau de Bolton est pourri. Une grande salle avec tout ses diplômes encadrés et une recette de Angus sur un vieux parchemins soit disant rédigé par un ancêtre. Un vieux cactus qui a presque perdus toutes ses épines et un bureau tout blanc avec rien dessus seul un magazine de jeux spécialisés en sudoku traine près du fauteuil. Il me regarde et jette un petit sourire morbide.
_ Yesterday night in my garden… and today’s accusations. They say you killed Mr Bairn. They say you told them that. I can’t deal with all of that with you in my school.  So you are from now on suspended as long as it is needed to clarify the situation. You are in serious problems now. Obviously I have to inform the Police about that and you will be probably questioned by them in good time. Do you have any questions?
Je reste pantois et choqué. Je balance mon sac sur son bureau. Je veux presque le frapper au visage. Lui envoyer une diarrhée verbale avec un dédain féroce. Je veux lui faire revivre sa naissance dans les cris, avec les forceps qui  l’écrasent. Le ramener à une petite boule de chaire brulante et apeurée. Mais je préfère le regarder droit dans les yeux et lui annoncer que je suis prêt a quitter les lieux sur le champs. Il me dit que je recevrai dans quelques jours une lettre pour me signifier où je travaillerai pendant ma suspension.  Bienvenue a la liberté conditionnelle, au souffle, à une respiration enfin envisagée qui a été calculée, organisée. Au fond ses gosses avaient raison, ils ont mis le paquet, ouvert la boite de Pandore, mis le doigt sur le soufre. Ils veulent que quelque chose se passe. Et bien sûr, je surnage, je ne bois pas la tasse mais je vois défiler les vagues. Ma tête frémit a l’idée d’être accusé d’un meurtre. Le couteau serré. La violence n’est pas loin. Je ne suis pas un assassin mais je pense comme un assassin. Je veux les tuer ces crapules, ces dirigeants de l’école. Je sens ma réputation souillée, dégradée et comme affaiblie, tombée a nue. De longues larmes coulent sur mes joues. Qui suis-je ? Je perds en quelque sorte mon identité, je bascule dans un inconnu dont je ne vois pas d’issues acceptables. Ah bien sûr, je peux quitter les lieux mais je sens le silence se faire autour de moi. Ne pas en parler, laisser faire l’enquête. Ne pas se compromettre. Résister à une parole facile qui pourrait me nuire, m’en terrer encore plus. Suivre violement les murs et me dégager de ces lieux puants et suintant la mort. Pourvu que je puisse rejoindre un monde plus serein . Je viens de quitter l’école, l’école secondaire de ce port du sud de l’Angleterre. Un vent froid me traverse le visage mais aussi sourire qui se dédouble en un rire lâche, relâché, déculpabilisé,. Une fenêtre sur un autre monde, une respiration anodine qui me fait grimper au ciel. J’admire le ciel, sa force, son oublie. Je suis heureux. Je veux chanter. Je veux pourrir la vie pour la recommencer de nouveau, la glorifier, la chanter de nouveau. Elle est belle comme cette jeune femme qui marche sous les arcades fin des années 80 rue des Bernardins. Je me souviens de ses pas et de de sa respiration quand elle maniait les craies sur les papiers qu’elle laissait sur le sol. Un vol d’oiseau en haut de la Seine. Elle criait parfois dans sa chambre de bonne et s’abandonnait a des bavardages sur une musique Reggae. Mais j’entends plutôt You Goin' Miss Your Candyman de Terry Callier et le son de Radio Nova qui agite mes pas. Le vent souffle sur mon dos mais je ne la vois plus. Tu as disparu sous les arcades. Derrière la pierre blanche et les odeurs d’urine je ne vois que le passé, et maintenant juste une brise un signe. Un petit coup de pied de ta rage de jeune femme, cette cicatrice sur ton nez que tu exhibais en attendant le bus près de Bastille. Pourvu que le soleil nous éclaire, nous éblouisse, de cette attirance réciproque, Battre le pavé ensemble et puis courir dans ces ruelles sombres qui sentent l’humidité perpétuelle et le bruit des paroles jeunes et féroces. Je me souviens de cette ville Paris, où je mettais mes pieds, l’un après l’autre. De cette fuite en avant de la Seine qui me guidait aux rêves. Certaines lumières qui illuminaient la Seine sur les berges. Les quelques klaxons qui donnaient à ce lieu une respiration presque odorante et futile. Une liberté éclatante, la ville où je suis né. Un ciel chaud et généreux. La vie des bus et du macadam qui fond. La pollution des gaz qui s’étale et la musique qui t’entraine dans une jeunesse présente quoi qu’il arrive. Je n’oublierai jamais cette ville. Les cheveux longs et chatains. Le visage de Madonna chantant like a Virgin et elle qui change avec précaution le côté de sa galette vinyle. Les nike sur le goudron qui se dirigent dans la voiture avec les cassettes audios  à côté. Pourvu que je puisse encore voir ce monde encore et toujours. Ici et maintenant, dans un pays étranger, en Grande-Bretagne, je vois aujourd’hui ce ciel de Paris, celui des années 80, quand Mitterand avait bloqué le Panthéon ou bien lorsque la rue de Bièvre était fermée par des cordons de police. Bravo, je suis encore là, toujours là, dans cet espace ou j’avais à être puisque enfant j’y habitais. Mais maintenant j’y habite différemment comme un enfant qui a décidé par lui-même d’y habiter sans sa famille. Tout seul dans sa tête. Bravo, Bravo , regarde, écoute c’est la Russie qui débarque Stravinsky et Petrushka et son ouverture. Une voiture s’arrête, Michael ouvre la porte et m’ordonne de monter en vitesse. C’est pas le périphérique mais plutôt ça devient une petite route de campagne sinueuse, avec le silence en plus. Un silence sur son visage, figé. Il est au courant et semble ne plus m’écouter. Il sent l’alcool et une eau de toilette forte. Il se met a chansonné une chanson des Bee gees.
_ I got it. Straight away, we have to do something, you and I.
Je ne comprend pas bien ce qu’il dit. Cela me rebondit dans la tête. Seigneur Dieu, je ne veux pas mourir. Il accélère de plus en plus. Mord la poussière, rentre dans ce fossé et c’est la cabriole. Nos corps s’éjectent du véhicule, le sang pisse de mon arcade sourcilière. Ma dent de devant est cassée nette. Je pue la sueur et ma respiration est maintenant lente et calme. Michael n’est pas mort, il se relève lentement, examine la voiture. Inutilisable, ravagée par la colère. Aplatie dans la boue malodorante. Le sang sur mon visage, les secours arrive et l’hôpital approche. Examens, rien trouvé. Michael souffre d’une côte fêlée et d’une légère luxation de l’épaule. Moi, seuls trois points de sutures vont être nécessaires. Le dentiste c’est pour plus tard. Douleur déplaisante, sourire de travers, gêné, rabiboché. Après quelques minutes à errer dans les couloirs à la recherche d’un distributeur de café moins cher que les autres, je m’écroule sur une chaise et tente de me rappeler un poème que j’avais appris a l’école primaire.
_ Sur un toit, accroché a une tuile futile,
- se glisse un hibou solitaire et affamé,
- la nuit est belle et respire une ombre,
- celle de l’oiseau cherchant l’amour
- sur le rivage doux du vent du soir
- qui caresse ses joues et l’appelle à le voir

Je revois l’illustration de la chouette sur ce toit avachi que côtoyaient de magnifiques montagnes. La maitresse s’appelait Mademoiselle Fabienne Durant-Vassalle et nous avait fait visiter le château de Fontainebleau avec son fils Mathieu. Mathieu m’avait bousculé dans l’escalier mais j’avais tenu bon et m’était tenu au barreaux de l’escalier.
Madame Durand-Vassalle m’avait alors répondu:
_ Tu es comme un ange, rien d’autre que toi ne te provoquera ton envol. Tu chasses le vent pour mieux l’apprivoiser!
Je n’avais rien compris et de toute façon on nous avait donné du coca et une tartine pour le goûter dans le grand réfectoire du château.
Michael reste immobile devant cette télé immense à compter le nombre de pubs après chaque étape de ce jeu télévisé débile. Il n’aime pas l’infirmière chef. Elle lui administré une dose importante d’antalgique. Il est temps de partir maintenant. Je prends mes affaires et me dirige vers la sortie, l’air un peu hagard et sans réellement aucun but. Je monte dans ce bus et je me retrouve écrasé entre deux vieilles dames qui n’arrêtent pas de parler. J’ai mal à ma dent. Une sacré douleur qui me lance dans un va- et-vient douloureux. Je m’accroche à la barre face à moi. Quand soudain je me rappelle d’un truc bizarre, une allusion qu’avait faite Michael la nuit dernière sur son lit de grand mourant qu’il n’est pas. Il avait annoncé que le meurtrier de  Bairn, le prof de géo n’était pas un prof mais plutôt le headteacher en personne. Il ne pouvait pas s’empêcher de penser que ce gars  n’était pas clair. Il respirait le doute et l’inquiétude. Une mauvaise haleine, pestilentielle et envahissante. Il n’avait pas les idées claires et marchait  à l’alcool de bon marché. Il suintait le mensonge et se croyait le centre du monde si tant est qu’il savait dans quel monde il gravitait. Je descends dans cette rue déserte et me dirige vers ce vendeur de journaux imberbe et racoleur. Il me décrit avec de grands cercles avec ses mains les dernières nouvelles. On vient d’arrêter un homme dans une école secondaires. Il s’agit de mon école et il aurait tenté de massacrer deux profs dans la staff room. Une perle de l’ingéniosité, il aurait prévenu les flics avant de passer à l’acte. Le choc n’est pas frontal mais inquiétant. A quoi va ressembler ma vie maintenant autour de tous ces macabés? Le tueur a encore frappé. Ma dent me relance et je vois ma gueule enfarinée sur le reflet de cette vitrine mouillée et embuée. Je me souviens de ce que m’avait dit mon père un jour. Il portait toujours un grand chapeau. Ceux que l’on fabrique dans les Pyrénées prés de Pau où vivaient ces ancêtres des commerçants ardéchois.
_ Tu n’as pas assez souffert, on t’as trop gâté. Tu respires  la facilité et la crainte d’essayer. Tu n’a qu’une jambe, l’autre,  tu l’as laissé dans son emballage par peur de l’abimer. Tu vendrais ta mère si tu n’avait pas pu renoncer à ta famille.

Il avait dit ca dans un moment de colère. Ou il lançait son chapeau sur un vieux portemanteau bancal. Il se mettait à perdre la tète et a répéter :
_ Il y a un macabé dans mon lit, Il y a un macabé dans mon lit, Il y a un macabé dans mon lit…

Il m’avait expliqué une fois la scène - Dans son lit, a sa place, une veille femme gisait la dans ses draps. Le regard mort, impassible, une froideur sous la couette. Une impression si horrible qu’il en cauchemardait souvent.

Mon père n’avait pas su me dire certaines choses autrement que par dissimuler ses yeux sous son grand chapeau de feutre du pays de l’Ariège. Il parlais souvent en ariégeois pour que je comprenne que dalle - un dialecte Labastidien.

  

Sunday 26 January 2014

Poèmes de janvier 2014

Paris

Quatre ptérodactyles dans l'univers,
5 variations de vols différents,
un célibataire endurci sur une étagère endormie,
25 radiateurs plus électriques,
un rabot, moins grand que l'on peut le croire.
Paris sur un divan dans mon sommeil.
Calculs incertains, oubliés, déjà dépassés,
envolés parmi les souvenirs évaporants.

21/01/14

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Aberdeen,

Aberdeen, sous les toits, un petit vent
s'en va, petite pluie déjà disparue,
petit lièvre éclaboussé par cette mare,
première nage sans étoiles mais petits flots,
accompagnés des petits bateaux qui bercent le temps.
Premier voyage qui ne se termine pas,
rivière qui coule sans laisser de traces.
Fleuve incandescent qui s'échappe vers le nord.
Un petit Nord qui vous embrasse tendrement.

21/01/14

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Paris II

Un chemin de terre
et 2 toits parterre.
Un relief avantageux
et une relique paysanne.
Un oignon empoisonné sous
un édredon flasque
et une cuiller tordue
qui porte le signe du rêve.
Sous les toits la Seine et
je me rappelle.

26/01/14

Tuesday 7 January 2014

Quelques dessins et autres illustrations (2013) pour un  spectacle pour enfants intitulé Le mini cirque Lilipuce.
Idée originale et texte : Cécile Combredet  et Musiques : Alain Picaud.

  Dir et Plume sont les heureux propriétaires du cirque Lilipuce. Un cirque si petit qu’il rentrerait presque dans une valise si Basile, l’éléphant plat n’était claustrophobe. Dir en tant que directeur est évidemment le chef (d’orchestre aux multiples instruments) Plume, elle volette d’un numéro à un autre. Tantôt clown, jongleuse, magicienne, ou encore dompteuse d’animaux, elle fait rêver son public et râler Dir.  « Le mini cirque Lilipuce » est un spectacle tout doux pour émerveiller les yeux et les oreilles des enfants à partir de 6 mois. Chansons, ombres chinoises et autres numéros adaptés aux tout-petits éveilleront les sens de ces spectateurs en herbe.